COOPÉRATION SCIENTIFIQUE

Cuba

Mon travail de collaboration scientifique avec Cuba s’est dessiné au Congrès culturel de la Havane qui avait réuni en 1967 des intellectuels du monde entier, essentiellement d’Europe occidentale et du Commonwealth et des pays non alignés ou membres de la Tricontinentale (Asie, Afrique, Amérique du Sud).

Les scientifique étaient minoritaires et pour la plupart partisans de voies de développement ultra rapides (par exemple construire des accélérateurs pour développer la physique !). Le scientisme se portait bien et menaçait de rencontrer l’adhésion des dirigeants cubains.

J’ai rencontré Fidel Castro une nuit et après plusieurs heures de discussion, nous sommes convenus que la formation de scientifiques de bon niveau dans à peu près tous les domaines était le chemin à prendre et qu’il fallait trouver en Europe des formateurs. Cuba partait de rien excepté dans certains secteurs de haut niveau en médecine déjà développés avant le Révolution.

J’ai à mon retour crée le Comité de coopération scientifique franco cubain et plus tard des Comités de moindre ampleur en Allemagne et ailleurs. Nous avons organisé des Écoles de durée variable, des séjours longue durée de collègues ainsi que des accords officiels touchant en France l’INRA puis le CNRS. Jusqu’à 300 universitaires ont séjourné simultanément à Cuba à partir de 1968 et ce jusqu’en 1975 environ quand la période de glaciation a entrainé la fin des activités militantes du Comité, l’action s’est poursuivie à une échelle restreinte dans le cadre d’accords intergouvernementaux.

Dans les années 1990 le gouvernement cubain, au plus haut niveau, a reconnu l’efficacité de notre travail qui a aidé à développer plusieurs secteurs de la science et de la technologie à Cuba, spécialement la biologie, les biotechnologies et l’agronomie, secteurs où l’Union Soviétique était très en retard.

* A Cuba, pas seulement des Maths…

Vous trouvez ici la pochette et la musique du disque enregistré par notre ami physicien Jean Marie Debever et dont la pochette fut dessinée par notre ami Georges Wolinski, lâchement assassiné l’an passé.

L’histoire de ce disque vendu pour aider au travail du Comité est un triste exemple de la bêtise sectaire. Le point de vente essentiel devait être le stand de Cuba à la fête de l’Humanité. Mais la couverture jugée un peu osée et la musique « déviante », l’Internationale jouée un peu faux par un homme orchestre dans une rue de Santiago, l’enregistrement exceptionnel d’une cérémonie Yorouba (les cultes d’origines africaines étaient mal vus par certains) et la Guantanamera chantée par l’Orchestre national après une soirée arrosée (de rhum bien sûr) avec des paroles osées ont fait que le disque ne put être vendu. Une partie du stock fut ensuite volée et s’est retrouvée cette année sur eBay, après la mort de Georges, à des prix insensés. Ce disque résume à sa manière l’image du 20èmé siècle.